Né à Saumur, en 1960, Eric Chabiron est un artiste local. Pour la deuxième saison consécutive, nous avons fait appel à ses sculptures monumentales pour illustrer les visuels de notre campagne. Rencontre.
RACONTEZ-NOUS VOTRE PARCOURS.
Comme beaucoup d'artistes, j'ai un parcours atypique. Diplômé d'un CAP coiffure, j'ai exercé pendant 2 ans à Paris. Ensuite, je suis parti faire mon service militaire. A mon retour, j'ai travaillé dans la vente de fournitures industrielles, puis dans l'agro-alimentaire, et enfin comme commercial chez Jean-Baptiste Rautureau, spécialisé dans la chaussure. Le déclic est venu autour des années 90, alors que je faisais de la pate à modeler avec ma fille ! C'était quelque chose ancré en moi depuis toujours. J'ai eu ensuite la chance de côtoyer un maître qui m'a appris les notions essentielles d'équilibre, d'harmonie et de dynamique dans une construction, et notamment l'importance du fameux nombre d'or, qui régit le rapport harmonieux d'un tableau ; un concept simple, presque primitif, qui se retrouve partout autour de nous. J'ai une forte obsession pour le visage, le regard, que j'étudie en peinture comme en sculpture. Mes créations ont été exposées dans des galeries associatives et sur les salons et marchés de l'art comme Art3F ou le Salon d'Automne des Champs-Elysées.
EN QUOI CONSISTE LE MÉTIER D’ARTISTE ?
Artiste ? C'est flou ! Je ne sais pas si je corresponds à une catégorie d'artiste. Je n'aime pas vraiment les étiquettes. Et le métier d'artiste en a beaucoup ! Je suis à la fois sculpteur et peintre, et j'ai surtout un dicton qui rythme ma vie, c'est : "On n'est pas ce que l'on dit, on est ce que l'on fait !"
DÉCRIVEZ-NOUS UNE JOURNÉE TYPE.
Il n'y a pas vraiment de journée type mais il y a toujours l'envie de retrouver l'atelier. La difficulté ? C'est de s'en échapper ! Je suis sans doute, un hyper actif non diagnostiqué, et mon art est peut-être thérapeutique ! Comme je m'ennuie vite, j'ai toujours 3 ou 4 chantiers en cours, qui varient en technique et en création ; ça peut être de la reproduction, de la sculpture, de la peinture... Il y a des moments de labeur et des moments de transcendance totale. Chaque œuvre est un exercice.
QUELLES SONT VOS PRÉDILECTIONS ARTISTIQUES ? MOUVEMENTS, ARTISTES, ETC.
Je suis en admiration devant les œuvres de Michel-Ange, Rodin ou César. Si je devais choisir précisément, je citerais le travail du corps d'Alberto Giacommetti et celui des visages d'Amedeo Modigliani.
VOUS SIGNEZ UN PARTENARIAT ARTISTIQUE AVEC ONE STEP POUR SA COLLECTION CAPSULE EN COLLABORATION AVEC ARMOR-LUX. RACONTEZ-NOUS.
Pour la seconde saison consécutive, One Step m’a proposé un partenariat – cette fois de mise en scène de mes bouchons de dimension monumentale. Je suis ravi qu'une marque de mode locale, pour appuyer son évolution, fasse la promotion d'un artiste qui vit de son art. Mon travail prend alors une autre dimension.
L’idée de représenter un bouchon de pêche de dimension monumentale est liée à des souvenirs d’enfance et de parties de pêche pour lesquelles je n’étais pas très doué.
Plongés dans l’eau, ces bouchons aux formes oblongues et aux couleurs vives ondoyaient aux rythmes des flots. A peine visibles sous les reflets scintillants et les volutes matinales, entraînés par le courant, ils s’animaient d’une vie très poétique. Cette réminiscence constitue ma source d’inspiration.
La première épreuve de ces bouchons a été réalisée à partir de couches de carton (ce qui lui confère cette texture particulière) superposées, collées et sculptées.
La confection d’un moule élastomère permet d’en faire des reproductions.
Celles-ci sont en résine résistantes aux intempéries. J’utilise des peintures acryliques et un vernis spécifique anti UV.
COMMENT POURRAIT-ON TRADUIRE/DÉCRIRE VOTRE ART ?
Mes créations s'apparentent plutôt à de l'Art Brut, dans mon exploitation de la matière, par leur esprit ethnique aussi, même si je voyage peu. Ce sont les sculptures qui font voyager. Elles ont un côté primitif même si ça reste contemporain. J'aime dévisager l’homme, fragmenter le corps pour mieux en restituer l’essentiel, révélant à la fois tout ce qui est lisse dans l’âme et rugueux à l’esprit. J'ai la chance d'avoir un métier qui me distrait beaucoup.
QUELLES SONT VOS SOURCES D’INSPIRATION ?
Mon inspiration, c'est la vie ! Les gens, les plantes, les autres artistes.
UN PETIT MOT EN CONCLUSION.
Il faut croire en ses rêves, mais ne pas se contenter de rêver ! Je viens de commencer l'écriture d'un roman sur la vie d'un artiste. C'est encore à l'état de projet.
A suivre sur mon compte Instagram @chabironeric.
LE PORTRAIT CHINOIS D’ERIC.
Si vous étiez un vêtement ? J'ai une collection impressionnante de chemises et de foulards. J'aime leur élégance presque innée et les associations d'imprimés.
Si vous étiez une couleur ? Choisir est impossible, mais j'ai quand même une prédilection pour les nuances de bleus et notamment, le bleu de cœruleum ou céruléum, proche du bleu ciel.
Si vous étiez un motif ? J'adore les motifs floraux, les motifs animaliers (serpent, lézard) et même les nuages ! C'est infini !
Si vous étiez une saison ? Le printemps, sans hésiter ! J'ai la chance d'assister à l'éveil de la nature sous mes fenêtres, avec le festival des oiseaux, des hirondelles et des hérons.
Si vous étiez un (autre) artiste ? Je m'imaginerais bien dans le corps d'une femme. Barbara ou Edith Piaf peut-être. Je crois que j'aurais aimé monter sur scène...
Si vous étiez une action positive (liée à l'environnement) ? Pour certaines de mes créations, je fais beaucoup de récupération. J'y trouve une esthétique que les autres ne voient pas. Je transforme alors des objets ordinaires aux yeux des gens, en créations extraordinaires !
Si vous étiez une musique ? J'écoute de tout. Des angevins de Lo'jo au hard blues créole de Delgres, en passant par Bashung et ses incroyables Volutes. Récemment, ce sont les paroles de Clara Ysé qui m'ont touché.