- Racontez-nous votre parcours en quelques mots.
J'ai fondé l'association suite au décès de ma maman, Nancy Haccoun, il y a maintenant 13 ans. Elle était laborantine et accueillait, tous les jours, des enfants apeurés qui devaient effectuer une prise de sang dans le cadre d'examens médicaux. Moi, j'ai passé mon enfance puis mon adolescence dans ce labo, situé tout près du collège. J'étais aux premières loges lorsqu'elle réconfortait ces enfants, ou revenait un jour de congé, parce qu'ils ne voulaient que 'la petite dame'. Ça m'a forcément marqué. Quelques mois avant sa disparition, elle m'a confié son envie de faire du bénévolat dans les hôpitaux, lorsqu'elle serait à la retraite... Moi, j'ai toujours eu peur des aiguilles et des hôpitaux. Alors fonder cette association, c'est comme réaliser sa dernière volonté et poursuivre son engagement, faire perdurer cette fibre maternelle qu'elle avait en elle.
C'est en novembre 2008 que nous avons commencé à envoyer des emails aux services pédiatriques des hôpitaux de Paris et de la région parisienne, pour lister leurs besoins. Les retours furent nombreux et très rapides. Armand Trousseau, Saint-Louis, pour ne citer qu'eux, tous ont été séduits par l'idée. Nous avons alors pris rendez-vous et échangé sur les choses à faire. Notre objectif premier : répondre aux besoins des soignants et des équipes, pour accompagner les enfants, lors qu'ils sont hospitalisés, sans distinction de pathologies.
- De combien de personnes est constituée l'association ?
J'ai commencé tout seul, puis engagé un.e stagiaire de temps en temps. Aujourd'hui, et après 2 ans de bénévolat, Candice Pochet, est à mes côtés, en charge du poste de directrice, 3 jours par semaine. L'association compte une trentaine de bénévoles actifs, qui interviennent dans différents hôpitaux, plus nombreux chaque année ; des hôpitaux qui nous connaissent par le biais des soignants et nous appellent en fonction de leurs besoins (présence, matériel ou animations). On doit pouvoir soutenir, toutes les initiatives, prises par les équipes. Nous entretenons une vraie relation entre les partenaires, les entreprises et les hôpitaux. Nous fonctionnons par opportunités. Les missions peuvent être parfois réalisées sous 24h ou prendre plusieurs mois, mais nous n'avons pas de pression, de timing ou d'objectifs.
- Comment vous est venu le nom de l'association : 'Un cadeau pour la vie' ?
Au début du projet, on avait choisi 'Les enfants de Nancy Haccoun', pour prolonger sa mémoire. 'Association Nancy' ou 'Association Haccoun' ou même, 'Association de Bruno' : les gens se mélangeaient... Très vite, au bout d'un an, il a fallu changer, pour évoluer. 'Un cadeau pour la vie' était le nom que nous avions donné à une belle opération autour de Noël. Nous l'avons alors adopté comme nom d'association.
- En quoi consistent vos actions ?
La toute première fût d'installer des lecteurs TNT dans les chambres du service d'hématologie pédiatrique de l'hôpital Saint-Louis. Grâce au bouche à oreille et aux amis d'amis, nous avons pu récolter des dons, acheter les boitiers chez Darty et les installer. En sortant, la situation était la même, les sourires en plus ! Ensuite, nous sommes intervenus à Noël, en organisant une collecte de jouets, avec l'aide d'amis. Chacun apportant entre 1 et 10 cadeaux, selon ses moyens. Nos propositions et champs d'action se sont beaucoup étoffés avec le temps : animations (1/3 du temps), réalisations de rêves ou souhaits d'enfants et décoration de services. Nous avons aussi ajouté beaucoup de présence, pour être, aujourd'hui, une vraie béquille pour les équipes.
- Quels sont vos plus gros projets ?
Sans doute la décoration de services pédiatriques. Pour cela, nous démarchons des artistes de tous styles. Mais le milieu est particulier. Il faut être très souple. Et ce n'est pas parce qu'on offre, qu'on a un droit sur les décisions de l'hôpital. Il y a beaucoup de contraintes, qu'elles soient techniques ou financières. Il arrive que l'on perde des artistes car ils ne sont pas aptes à travailler à l'hôpital. Quatre d'entre eux répondent présents à chaque fois. Ils partagent nos valeurs et interviennent avec leur cœur. Nous lançons aussi parallèlement, un autre projet baptisé 'Dans ma bulle'. Il s'agit de réhabiliter, une ancienne ambulance, en Beauty Truck : un espace bien-être itinérant, pour accueillir soignants et parents. Réflexologie, beauté des mains, massage du dos : nous sommes actuellement en recherche de prestataires. Garée sur le parking de Trousseau à Paris, elle a pour vocation de tourner sur Paris, à la journée, ou en province, sur une durée plus longue.
- Inscrite dans une démarche artistique, One Step a fait appel à vous pour développer un projet autour de l'art et de l'enfance. Parlez-nous de ce partenariat.
One Step nous a récemment contacté pour nous faire part de son envie d'associer son Adn arty à une mission auprès des enfants, qui peuvent être des grands prématurés comme de jeunes adultes de 18/20 ans. Plus qu'un simple mécène, One Step est ici un véritable partenaire, avec un engagement des deux parties, sur une durée d'un an. Ils nous ont dit : "Voici notre budget. Que pouvons-nous faire ensemble ?" Ça nous ouvre la voie, ça nous libère du côté financier. Et un partenariat à ce point organisé, c'est vraiment rare, croyez-moi ! On a une page blanche à construire jusqu'à décembre 2022.
- Quelle forme ce partenariat va-t-il prendre ?
Nous avons choisi de collaborer avec Carolina Spielmann, une artiste, illustratrice et muraliste française, installée en région parisienne, qui a déjà décoré, par notre biais, une trentaine de services ou pièces dans des hôpitaux. Professeur à l'université, elle est issue du monde de l'art dans le sens large. Elle s'investit toujours pleinement dans les projets, proposant des devis au plus juste. Dans le cadre du partenariat avec One Step, elle va intervenir dans 4 projets artistiques sur-mesure, dans 4 régions de France. Elle participe aussi actuellement à la création originale d'un tee-shirt, sur lequel elle revisite la danseuse emblématique, logo de la marque, qui sera vendu à des fins solidaires.
- Un petit mot en conclusion ?
Les partenariats avec les entreprises sont essentiels dans notre mission. Bien sûr, cela demande un investissement-temps considérable, mais c'est tellement plus enrichissant et plus agréable que de faire des campagnes d'appels aux dons !
PORTRAIT CHINOIS
- Si vous étiez un vêtement ? Un jean, forcément. Ou bien, un pull à capuche.
- Si vous étiez une couleur ? Le bleu marine.
- Si vous étiez un motif ? Un arc en ciel !
- Si vous étiez une saison ? Le printemps.
- Si vous étiez une danse ? Le hip hop !
Retrouvez également l'interview du professeur Patrick Tounian et son engagement pour l'association " Un cadeau pour la vie" ICI